Grâce au mouvement #MeToo et aux millions de témoignages qui en ont découlé, les violences faites aux femmes ont bénéficié d’un grand coup de projecteur. Ce sujet qui était jusqu’alors souvent minimisé voire ignoré, est devenu une préoccupation majeure.
Ces violences touchent de manière significative les femmes, les filles et les minorités de genre, et elles interviennent dans tous les milieux. Elles peuvent prendre différentes formes, y compris à travers les démarches administratives du quotidien.
Violences administratives : une forme insidieuse de violence sexiste
Les violences administratives se manifestent par la confiscation, la destruction, la rétention de documents essentiels (titre de séjour, carte vitale, livret de famille, documents d’identité, quittances de loyer, bulletins de salaire, etc.), ou encore la dissimulation d’informations administratives concernant la personne, l’empêchant ainsi d’exercer ses droits et d’accomplir les démarches nécessaires à son indépendance.
Ces violences spécifiques visent à maintenir un contrôle total sur elle, à la priver de toute autonomie et à l’exclure des décisions la concernant, qu’elles soient personnelles ou familiales. L’agresseur utilise souvent ces actes comme un levier de chantage et les inscrit dans une escalade de violences pouvant aller jusqu’à mettre en danger la vie de la victime.
Selon le dernier rapport du Haut Conseil à l’Egalité entre les Femmes et les Hommes (2025) :
- 9 femmes sur 10 (86 %) déclarent avoir déjà vécu une situation sexiste
- 40 % des femmes (+2 % par rapport à 2024) ont subi au moins une situation de non-consentement, un chiffre qui grimpe à près d’une sur deux chez les 25-49 ans
- Dans 91 % des cas de violences sexuelles, les femmes connaissent les agresseurs (famille, collègues, amis…)
Ces violences s’inscrivent dans un contexte où les inégalités de pouvoir entre les genres restent marquées. La précarité, qui affecte plus fréquemment les femmes en raison des écarts de rémunération et de la plus grande instabilité de leurs emplois, ainsi que la persistance des stéréotypes de genre, contribuent à perpétuer ces violences.
Former les équipes pour assurer un meilleur accompagnement des victimes
Plusieurs associations Pimms Médiation ont décidé de se former pour adapter leurs médiations auprès des personnes concernées. C’est ce que nous explique Élodie Dénécheau, directice du Pimms Médiation Sevran et du Pimms Médiation Noisy-le-Grand.
Pourquoi avoir décidé de former les équipes du Pimms Médiation au sujet des violences conjugales et intrafamiliales ?
« C’est dans le cadre de notre Point Conseil Budget (PCB), que nous nous sommes rendus compte que nous accueillons des personnes victimes de violences administratives et économiques. Beaucoup de femmes venaient suite à une séparation et nous annonçaient être en situation de sur-endettement ou avoir découvert des papiers d’expulsion locative suite aux actions de leurs ex-compagnons, sur lesquelles elles n’avaient pas la main ni la possibilité d’agir.
L’intervenante sociale du commissariat conseillait à ces personnes de venir au Pimms Médiation pour se faire accompagner. Il m’a donc paru essentiel de former les équipes. »
En quoi consiste la formation ?
« La formation permet d’identifier les signaux et d’apprendre à adapter la médiation. Il s’agit notamment de vérifier si la personne a accès aux documents nécessaires et de s’assurer que les modalités de la médiation ne l’exposent pas à des risques ou à des contraintes imposées par son entourage (horaires stricts, consultation de la boite mail par un tiers, contrôle des téléphones, etc.)
Notre rôle n’est pas d’accompagner les personnes dans des démarches judiciaires, mais d’adopter une posture sécurisante et adaptée afin de les aider au mieux dans leurs démarches administratives et nos autres missions. Les médiateurs peuvent ensuite orienter les personnes vers les services compétents. »
A qui la formation est-elle dispensée ?
« Nous organisons la formation une fois par an pour tout le monde, à tous les niveaux (encadrants, médiateurs, services civiques, stagiaires…). »
Utilisez-vous des outils de sensibilisation ? (Violentomètre, etc.)
« Nous affichons ou mettons à disposition des outils de sensibilisation aux violences sexistes et sexuelles (VSS) lors de nos permanences ou dans nos plateaux d’accueil. »
Quels sont les effets bénéfiques de cette formation ?
« La formation permet d’engendrer une véritable prise de cinscience collective sur la question des violences intrafamiliales, et plus particulièrement des violences administratives et économiques, un sujet souvent invisibilité. Les équipes se sentent plus outillées et plus à l’aise pour recevoir en médiation les personnes victimes de violences intrafamiliales et sont en général très satisfaites de la formation, tant sur le plan professionnel que personnel. Il me parait essentiel que tout le monde soit formé et sensibilisé à ces questions. »
Vous êtes témoin, proche ou victime de violences sexistes, sexuelles et/ou intrafamiliales ?
En cas d’urgence, contactez la police :
– En appelant le 17
– En envoyant un SMS au 114 (s’il vous est difficile de parler ou d’entendre)
– En signalant sur le tchat en ligne www.service-public.fr/cmi
Si vous avez besoin d’en parler : appelez le numéro d’écoute national d’information et d’orientation (Violences Femmes Info) au 3919 (anonyme et gratuit)
Vous pouvez trouver de l’aide auprès d’autres dispositifs et associations :
– La permanence téléphonique du Collectif féministe contre le viol (0 800 05 95 95)
– Le numéro vert du Planning familial (0 800 08 11 11) ou un de ces centres d’accueil le plus proche de chez vous www.planning-familial.org/fr/pres-de-chez-vous
– L’accueil téléphonique de l’Association européenne contre les violences faites aux femmes au travail (01 45 84 24 24)
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